Les États moteurs dans le développement de la vape

Les actualités de la vape dans le monde permettent un certain optimisme sur son développement futur. Le vapotage est de plus en plus conforté par les études scientifiques comme un moyen privilégié de sevrage tabagique. Les normes qui encadrent la fabrication du matériel de vape et des e-liquides s’organisent et se renforcent, pour donner des garanties aux consommateurs. Enfin, les autorités publiques sont de plus en plus nombreuses à recommander la vape, qui, à une vitesse très variable selon les régions du globe, se crédibilise. Si, aujourd’hui encore, certains États parmi les plus influents – les États-Unis, la Chine – appliquent des politiques très restrictives qui brident le développement de la vape, il est permis de croire que ces résistances, non pas fondée sur la science, mais de nature idéologique ou politicienne, céderont bientôt. Dans cet article, qui changera du récurrent : « les 10 endroits dans le monde où vaper vous envoie en prison », nous vous proposons de partir en quête de ces États qui donnent à la vape chaque jour un peu plus ces lettres de noblesse.

Qu’entend-on par « États moteurs » ?

Il nous faut commencer par soigneusement identifier ce à quoi cette expression fera référence. Nous choisissons de nous appuyer sur trois critères principaux. Le premier, condition sine qua none pour pouvoir parler d’État moteur, c’est le caractère permissif des normes. Un État qui interdit à la vente les cigarettes électroniques n’appartient évidemment pas à cette catégorie. Le second, c’est le souci de règlementer intelligemment le vapotage, pour sécuriser son utilisation et augmenter sa crédibilité. Enfin, le troisième, ce sont les initiatives mises en place par le Gouvernement et par les organismes de santé pour promouvoir la e-cigarette.

Nous choisissons de relativiser le poids de deux autres critères, qui pourtant viennent facilement à l’esprit. D’une part, nous ne prendrons pas directement en compte la taille et le dynamisme économique du marché de la cigarette électronique dans chaque État. Cet indicateur est trompeur, en ce qu’il ne reflète que très mal la capacité d’un pays à donner une impulsion positive au mouvement vape (e.g. les États-Unis). D’autre part, nous nous refuserons de prendre comme critère l’aura d’influence d’un État sur les autres en matière de e-cigarette. Pourquoi ? Car cela n’en fait pas forcément un pays moteur pour le développement de la vape. C’est parfois même le contraire (e.g. toujours les États-Unis).

Les États qui s’illustrent par une permissivité des normes sur la vape

Un État moteur en matière de e-cigarette, c’est avant tout un territoire où les résidents sont libres d’acquérir du matériel de vape et des e-liquides. Comme le relate le très instructif site global tobacco control, de très nombreux pays prohibent la vaporeuse de leur territoire, qu’il s’agisse de la production, de la vente, de l’importation ou de l’usage dans l’espace public (1). Pour ne prendre que quelques exemples, en Inde, le commerce des cigarettes électroniques est strictement interdit. Pire, en Thaïlande, un touriste peut se retrouver emprisonné pour quatre jours s’il a le malheur de passer la frontière avec son propre matériel (2). Aux États-Unis, la politique appliquée à la vape dépend énormément du cadre normatif de chaque État fédéré. La tendance générale est néanmoins inquiétante. À croire que la prohibition et le fiasco de la lutte contre la drogue à l’américaine n’ont pas servi de leçons au « pays de la liberté ».

Mis à part quelques exceptions comme les Pays-Bas, l’Europe est une terre de vape. C’est ainsi qu’en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne ou en Italie, les utilisateurs de cigarette électronique peuvent se fournir facilement en produits de vapotage, dans des commerces physiques ou sur internet. Cela explique que le marché de la e-cigarette s’y porte particulièrement bien, et que le nombre de vapoteurs soit en pleine croissance. Comme le montre une étude menée par Xerfi, le marché français de la vape connaîtrait ainsi une croissance de 5 à 10 % chaque année, tendance qui devrait se confirmer encore en 2021(3). Les principaux encadrements de la vente, de la publicité et de la composition des e-liquides résident dans les principes posés par la directive européenne TPD.

Les États s’affairant à crédibiliser la cigarette électronique par des règlementations constructives et protectrices des usagers

Pour caractériser un État moteur du vapotage, ce critère est peut-être plus significatif que le précédent. Ce n’est pas parce qu’un État applique une politique libérale à l’e-cigarette qu’il en porte le développement et lui permet de franchir de nouvelles étapes. La vente libre et irraisonnée de tous produits de vape serait surtout caractéristique d’une politique du profit rapide, déconnectée des enjeux sanitaires de la e-cigarette. La France et le Royaume-Uni se partagent ici la première place du podium. En choisissant d’accompagner le développement de la vapoteuse sur leur territoire, par l’élaboration de normes de qualité exigeantes, ces États participent grandement à crédibiliser la vapoteuse, et à permettre son implémentation progressive dans la société. 

Public Health England

Le Royaume-Uni joue un rôle clé dans le développement de la vape. C’est un modèle à suivre de près. En matière de règlementation, la tendance outre-Manche est de ne pas interdire des pratiques ou des produits, si cela peut impacter négativement le développement de la cigarette électonique comme moyen de sevrage au tabac. En témoignent par exemple les prises de position de Public Health England sur la question de l’interdiction des e-liquides parfumés (4). En France, comment ne pas citer les certifications AFNOR ? L’Association Française de Normalisation a en effet, entre 2015 et 2016, posé les jalons d’une norme d’application volontaire, qui permet aux fabricants soucieux de la qualité des produits utilisés de valoriser leur démarche par l’apposition du logo de l’AFNOR sur les flacons de leurs e-liquides (5).

Les États portant une image favorable de la e-cigarette grâce au dynamisme de la recherche et à un volontarisme politique 

Enfin, le critère qui répond le plus directement à l’idée d’État moteur est sans conteste l’envie de porter le mouvement vape avec des initiatives publiques. Il peut s’agir, en premier lieu, de financer et de mener des recherches ambitieuses sur la nocivité supposée de la vape, et sur l’efficacité de la vapoteuse dans le sevrage tabagique. En France, plusieurs études récentes, comme celle portant sur la théorie de la passerelle et celle sur les conséquences sanitaires de la vape, ainsi qu’une thèse universitaire, ont marqué des avancées majeures dans la compréhension de l’e-cigarette. En outre, l’Académie nationale de médecine, la Société Francophone de Tabacologie ou Santé Publique France encouragent le développement de la vapoteuse, sous réserve d’un approfondissement des études à son sujet (6).

Vape Info Service

Au Royaume-Uni, les organismes de santé publique ne cessent de promouvoir la cigarette électronique, sur la base de données empiriques rigoureuses. Il s’agit aussi d’élever la vape au rang d’alternative crédible – si ce n’est privilégiée – aux autres substituts tabagiques, grâce à des initiatives publiques ou privées. Parmi de nombreux autres exemples, le Royaume-Uni, siège de la Vaper Expo UK, a initié une politique de zones vape-friendly dans les hôpitaux, pour chasser progressivement la cigarette des espaces fumeurs. 

Conclusion

Ces efforts en faveur de la vape peuvent-ils seulement l’emporter, dans un contexte international où des géants comme les États-Unis parlent d’éliminer avec acharnement la cigarette électronique (7) ? Il est certain que des acteurs majeurs, à l’échelle mondiale, freinent toujours considérablement son développement. Cependant, le volontarisme montré par certains pays, à commencer par le Royaume-Uni et la France, permet de prédire à la vape un futur à la hauteur de la révolution qu’elle représente dans la lutte contre le tabagisme.

(1) https://www.globaltobaccocontrol.org/e-cigarette/country-laws/view

(2) https://www.routard.com/dossier-pratique-sur-le-voyage/cid137941-cigarette-electronique-quels-sont-les-pays-qui-l-interdisent.html

(3) https://fr.vapingpost.com/france-le-marche-de-la-vape-devrait-continuer-de-croitre-dans-les-prochaines-annees/

(4) https://www.gov.uk/government/publications/vaping-in-england-evidence-update-march-2020/vaping-in-england-2020-evidence-update-summary

(5) https://normalisation.afnor.org/thematiques/cigarettes-electroniques/

(6) https://www.journalduvapoteur.com/2020/01/les-organismes-de-sante-sont-en-faveur-de-la-cigarette-electronique.html

(7) https://www.atr.org/joe-biden-suggests-he-would-eliminate-vaping-if-elected?fbclid=IwAR00156-CGjWf-5IKupFZNlIlNgk0Ic7SFBWVmOMFGdVFJp11dpsO8vg5LQ